Estime de soi
 
   
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Estime de soi et reconnaissance
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      Estime de soi et reconnaissance
   
    Atout santé - N°24 - Santé mentale

(Copié sur le site d’Univers-Santé)

L’expression « estime de soi », passée dans le langage courant, semble à priori être comprise par chacun de la même façon. Les étudiants en parlent entre eux ou avec des adultes et certains expriment leur manque de confiance en eux. Ce manque de confiance ou d’estime empêche parfois de se sentir bien dans sa peau, complique la réussite des études, rend plus difficile le développement personnel et les relations avec les autres. Mais dans le fond, qu’est-ce que cela veut dire « manquer de confiance en soi » ou « d’estime de soi » ? Est-ce un sentiment que l’on a en permanence ou varie-t-il ? Est-il possible de construire ou de reconstruire l’estime de soi ?

Nous ne sommes pas des marchandises !

Selon le dictionnaire « Le Petit Robert », le mot « estime » était utilisé anciennement pour « déterminer un prix, la valeur de quelque chose ». Au figuré, l’estime signifie : « sentiment favorable né de la bonne opinion qu’on a du mérite, de la valeur de quelqu’un. »

L’expression « estime de soi » induirait donc une notion d’estimation de la valeur d’une personne comme on le fait pour une marchandise : quelle est ma valeur, que vaut-elle ? Si on suit cette philosophie, plus une personne vit d’expériences positives, plus son estime d’elle-même augmente. Inversément, si plusieurs expériences négatives surviennent, l’estime de soi va baisser. Le fait de tant parler d’estime de soi de nos jours n’est-il pas lié à un effet de mode de la pensée libérale ? Ne devrait-on pas essayer de sortir de ce concept, de s’en décaler ?

Un phénomène de société

La société occidentale actuelle incite l’individu à se définir de plus en plus à partir de lui-même et de moins en moins à partir d’un niveau qui le dépasse. Le lien social qui existait à l’époque moderne (19ème et moitié du 20ème siècle) s’articulait autour d’une idéologie, d’une nation, d’une religion,d’une science ... et créait une reliance entre les individus. Le lien social post-moderne, lui, est plus basé sur la coexistence de singularités, d’individus, qui doivent négocier les conditions ou possibilités de leur coexistence. La culture actuelle de la bonne estime de soi, de la pensée positive à tout prix, suscite, lors d’une difficulté, le désir d’une plus grande confiance en soi, comme si nous ne pouvions plus nous permettre de vivre des moments difficiles, d’avoir et d’exprimer des pensées négatives. Ce type de culture peut contribuer finalement à nous fragiliser. L’existence est faite d’éléments qui se complètent, de mouvements qui vont du « négatif » vers le « positif » et inversément. De plus, le monde technologique peut mener parfois l’humain vers une opposition importante entre sa nature et son milieu.

Ni blanc, ni noir

Penser « estime de soi » incite également à croire que chacun doit tout avoir en soi pour faire face aux difficultés de la vie. Si cela ne marche pas, c’est de ma faute ! Une personne n’est pas réductible à un comportement. Si je rate un examen, si je ne suis pas bon dans telle matière, cela ne veut pas dire que je suis lamentable ! Je peux être bon dans un domaine et moins bon dans un autre, correspondre à certains critères et pas à d’autres. Tout n’est pas blanc ou noir !

Il apparaît nécessaire de sortir de cette logique qui peut empêcher d’évoluer, de porter un regard plus indulgent sur soi. On n’est pas que ce que l’on fait. Ce qui revient à dire qu’on peut s’autoriser à s’aimer. L’amour que l’on se porte aide à s’ouvrir à l’autre dans sa différence, à ne pas se replier sur soi, à développer un comportement constructif. On ne parle pas ici d’une estime narcissique excessive !

Par ailleurs, il est important de pouvoir se dire que, lorsqu’on ne s’aime pas ou moins, cela ne veut pas dire que les autres ne vont plus m’aimer. Le regard critique sur soi peut bloquer mais la peur du regard de l’autre aussi : essayons d’être nous-mêmes, avec nos forces et nos fragilités.

Les racines précoces de la confiance en soi

C’est surtout pendant la petite enfance que la confiance en soi peut s’enraciner. Quand le petit enfant vit une relation de sécurité suffisante qui lui permet de satisfaire ses besoins, ses objets de désirs et d’attachement, il commence à faire confiance. Et comme il fait confiance, il apprend à pouvoir attendre, à s’occuper et à compter aussi sur ses propres ressources intérieures. Il apprend à faire confiance et à avoir confiance en ses ressources.

Cette sécurité est le plus souvent apportée par les parents mais elle peut aussi provenir d’un substitut parental, d’une autre personne proche de l’enfant. Une véritable confiance constitue une sorte de socle originel sur lequel la personne peut s’appuyer tout au long de sa vie. Ce qui ne veut pas dire que, si l’on n’a pas reçu cette sécurité, ou seulement de manière partielle, on ne puisse pas la construire. A la fois, tout se prépare dans l’enfance et beaucoup reste jouable ensuite.Tant qu’il y a de la vie, on peut se libérer et avancer. Faire confiance, se faire confiance, c’est aussi oser se lancer, c’est parier sur l’avenir en acceptant une certaine incertitude. Car on sait, implicitement, que nos désirs profonds ne seront jamais vraiment atteints, qu’ils demandent sans cesse une mise en mouvement.

La reconnaissance par les autres

Tout au long de la vie, l’être humain a besoin de signes positifs de reconnaissance par les autres : les enfants de la part de leurs parents, d’amis, des professeurs ; les adultes de la part des proches, de collègues, de supérieurs hiérarchiques ... Cette reconnaissance renforce la confiance dans les ressources personnelles ; elle aide à voir les différences et à développer les qualités propres à chacun. On oublie sans doute trop souvent, dans la vie de tous les jours, d’exprimer ou de faire savoir ce que nous apprécions chez l’autre.

« Estime de soi » et « confiance en soi » : est-ce la même chose ?

Dans le cadre de cette fiche, et pour la clarté du propos, nous avons choisi d’attribuer la même signification aux deux expressions. L’estime de soi peut se définir comme le regard que chacun porte sur soi. C’est un processus par lequel un individu tente d’apprécier ses aptitudes, ses qualités, et non pas toute sa personne. Ce qui veut dire qu’il prend du recul par rapport à ses expériences, qu’elle arrive à en retirer les informations utiles, à repérer ses forces, ses qualités, et ses faiblesses ! Une bonne estime de soi, ou la confiance en soi, c’est la considération, le respect, l’attention, l’amitié que nous pouvons éprouver pour nous-mêmes.

En tant que processus, l’estime de soi est toujours en construction et sujette à certaines variations en fonction des circonstances, des rencontres, des rôles occupés. Une estime de soi positive est un carburant essentiel dans les différentes dimensions de notre existence, qui permet d’avoir confiance dans ce que l’on entreprend, de porter un regard positif sur les événements, de se fixer des objectifs réalistes, d’établir des relations plus harmonieuses avec les autres. A l’inverse, avoir une mauvaise estime de soi nous amène à percevoir continuellement le poids d’un regard intérieur qui nous critique, nous dévalorise et nous bloque.

Pouvoir échouer avec humour

L’époque actuelle développe le culte de la performance, de l’exigence extrême, en particulier dans les études supérieures. Dans ce contexte, échouer peut être vécu de façon dramatique, comme une dévalorisation de toute sa personne. Alors que l’expérience de l’échec peut être vue comme une occasion de rencontrer les limites de ses compétences, de se connaître soi-même, de faire le point. Échouer n’est pas en soi un drame, on peut même le vivre avec humour. Cela dépendra également de l’enjeu, toujours subjectif, que la personne y met. Ne pas connaître d’échec peut aussi créer des angoisses. Pour l’étudiant qui a toujours réussi, rater un examen représente en quelque sorte l’inconnu, et peut être imaginé comme une expérience trop difficile, trop grave. Il peut ne pas se sentir armé pour y faire face.

Pourquoi je crois que je suis toujours moins bien que les autres ?

Beaucoup de personnes disent manquer de confiance en elles et croient que les autres ont pleinement confiance en eux, que tout leur est plus facile. Pas mal de mythes entourent la confiance en soi ! En fait, chacun est amené à rencontrer des situations difficiles, à vivre de nouvelles expériences qui insécurisent et provoquent le doute : de nouvelles matières à étudier, un examen à présenter, une rencontre amoureuse, ... Seuls ceux pour qui les autres n’existent pas, ne se posent jamais de question. Tout le monde hésite devant une importante décision à prendre. Tout le monde tremble devant la nouveauté et la mise en jeu de ses compétences. Tout le monde craint plus ou moins de ne pas être aimé. Et tout le monde a rencontré des échecs, fait des erreurs, vécu des situations de rejet, d’humiliation. Cela fait partie de la vie ! Affirmer manquer de confiance en soi peut apporter, en quelque sorte, des bénéfices secondaires, inconscients : cela permet d’éviter de se poser certaines questions plus embarrassantes, justifie parfois une forme de passivité, permet la confirmation de croyances négatives sur soi et les autres, croyances qui ont aidé à survivre jusque là sans trop souffrir ...

Oser rencontrer un thérapeute

Certaines personnes développent sans doute plus que d’autres des pensées négatives et globalisantes sur elles-mêmes, telles que : « j’ai pas confiance en moi », « je suis nulle », « tous les autres sont plus cultivés, plus drôles », « ils ont plus de facilités », ... Cette façon de se voir rend difficile le changement, enferme en quelque sorte la personne dans un cercle vicieux. Comment casser cela ? Il n’y a bien sûr pas de réponse ou de solution toute faite à proposer. Un travail psychologique sur soi avec l’aide d’un thérapeute pourra se révéler indispensable. Faire cette démarche signifie que nous attendons quelque chose de nouveau dans notre vie. Ce soutien et cette nouvelle expérience relationnelle auront, petit à petit, des retombées dans notre vie, dans nos propres relations. Le parcours accompli avec le thérapeute aide à se percevoir autrement, à se positionner différemment, à aller de l’avant et à (re)créer du lien avec les autres.

...Quelques pistes pour développer la confiance en soi

-  Se laisser surprendre par soi-même

Cela veut dire qu’on peut identifier qu’on est original, que l’on s’autorise à avoir ses propres pensées, mêmes modestes. Par rapport aux cours, aux matières enseignées, un étudiant peut aussi avoir ses réflexions personnelles et développer un point de vue original, qui l’étonne lui-même.

-  Ne pas confondre manque de confiance en soi et inquiétude

Il est normal ou même utile de ressentir une certaine peur, de douter, dans certaines situations : ces sentiments poussent à se dépasser, à se préparer à différentes éventualités, à repérer les difficultés. Mais il est dommage de nommer ces sentiments « manque de confiance en soi » !

-  Savoir relativiser.

Ne pas trop vite généraliser, apprendre à se décaler. Veiller à ne pas trop vite construire une image de soi négative à partir d’une mauvaise expérience vécue. Relativiser, c’est tenter de faire preuve de lucidité et de discernement sur ce qui va bien et moins bien. C’est aussi se rappeler que nous ne sommes pas seuls et uniques à traverser des doutes. Chacun y est confronté au cœur de la vie.

-  Se valoriser

Certaines personnes ont tendance à sans cesse voir ce qui ne va pas, chez eux, ou même chez les autres. Il est bon de pouvoir se reconnaître des qualités, d’oser se dire ce qu’on aime en soi. Après une journée, on peut repérer des actions, mêmes petites, que nous avons réalisées et dont nous pouvons retirer une satisfaction. Ou tout simplement repérer des moments que nous avons aimés, si petits soient-ils.

-  Se fixer des objectifs accessibles, réalistes et réalisables.

Tout en étant à l’écoute de nos souhaits, de nos besoins, il est nécessaire de pouvoir faire la différence entre rêves, souhaits et objectifs. Un véritable objectif, c’est une intention qui s’inscrit dans un calendrier et est accompagné d’un plan d’action.

-  S’ouvrir aux autres

S’entourer de gens positifs pour nous et susciter leur confiance en nous. La confiance que les autres placent en nous peut amplifier la confiance que nous mettons en nous-même. Le repli sur soi et l’isolement peut renforcer le sentiment de manque de confiance en soi. La confiance des autres est un aiguillon important de la confiance en soi. Etre ouvert aux autres, c’est pouvoir aussi s’affirmer, pouvoir dire non, mettre des mots sur des difficultés.

-  Etre persévérant.

On entend notamment par là une capacité de pouvoir se souvenir que nous avons su par le passé renverser une tendance défavorable. Autrement dit, être persévérant ou combatif, c’est s’appuyer sur des ressources que l’on sait disponibles.

-  Faire ce que l’on dit (consistance).

Rien ne sert mieux la confiance que tenir ses promesses, surtout vis-à-vis de soi-même. La question à se poser est de savoir si j’ai rempli le contrat que je me suis fixé à moi-même, de voir ce que j’ai mis en place pour avancer, sans me culpabiliser. Cela sous-entend savoir dire oui ou non avec fermeté et savoir expliquer pourquoi on a pris telle ou telle décision. Cela signifie aussi être prêt à gérer des tensions liées à un accord ou à un refus ; en bref, à oser s’affirmer sans crainte ni agressivité.

-  Se faire son idée à soi, jouir de son libre-arbitre.

Ce terme de libre-arbitre comprend une autonomie des décisions, une capacité de discernement pour juger soi-même ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Se faire sa propre idée ne signifie pas faire abstraction de toute opinion venant de l’extérieur. Il s’agit simplement de faire la différence entre "prendre en compte" et "dépendre de".

-  Se préparer.

Dans une époque hyperactive où l’on privilégie l’action, un danger nous guette, celui de ne pas investir assez dans la préparation. L’acquisition de savoir-faire via la répétition des certains actes permet d’avoir une perception plus claire de ces compétences et donc d’augmenter la confiance en soi.

L’importance de la solidarité

L’histoire, la culture, l’organisation d’une société influencent le développement des individus. Chaque société développe des modes particuliers de solidarité. Les systèmes nationaux de sécurité sociale, comme il en existe en Belgique, organisent une forme de solidarité entre les citoyens pour les protéger, en partie, des aléas de la vie.

Cette organisation nationale est issue de mouvements d’ouvriers qui se sont associés pour créer des caisses de solidarité à une époque où le travailleur n’avait encore aucune protection sociale. N’était-ce pas aussi une façon de dénoncer le manque d’estime que la société leur témoignait ? Par ce système de sécurité sociale, avec ses failles et les critiques existantes, la société accorde une certaine attention aux personnes, elle leur fait savoir qu’elles ne sont pas seules au monde.

Il semble toutefois beaucoup plus difficile de développer la confiance en soi lorsque l’on fait partie d’un milieu défavorisé sur le plan socio-économique. Beaucoup de jeunes vivent aujourd’hui le simple fait d’habiter un quartier d’habitat social, de faire partie d’un milieu défavorisé sur le plan socioéconomique, comme porteur d’un jugement négatif sur leur valeur et sur leurs qualités. Un certain nombre d’entre eux vont développer des comportements illicites, parfois violents envers eux-mêmes ou envers les autres. La conduite à risque, trouve à s’exprimer parce qu’elle constitue des matériaux pour être à la hauteur du regard de l’autre. La recherche de l’état d’altération par la consommation d’alcool, de drogues, témoigne aussi d’un besoin d’aller jusqu’au bout de soi, hors de soi, pour retrouver une sorte d’ailleurs qui dépasse l’individu.

Le rôle de l’associatif

La solidarité s’exprime et existe évidemment à beaucoup d’autres niveaux que sur le plan national : des associations se créent pour défendre des points de vue, des initiatives spontanées naissent pour soutenir des personnes dans la difficulté, pour s’entraider ou tout simplement pour passer du bon temps ensemble. Pour les étudiants ce sera par exemple, faire partie d’une association qui crée des lieux de rencontre, organise des moments festifs, développe un soutien sur le plan des études, défend le point de vue des étudiants devant les autorités académiques. Ou participer à des projets culturels, pratiquer un sport collectif, vivre dans un logement communautaire qui organise des activités et des repas en commun. Ces différentes expériences ouvrent de nouveaux horizons, donnent l’occasion de développer des qualités personnelles, de rencontrer d’autres personnes et de se soutenir mutuellement. Ce soutien contribue à renforcer la confiance en soi.

Références bibliographiques

-  « La prévention, affaire de la société toute entière », Philippe Jeammet, in « La Santé de l’homme » n° 384.
-  « Estime de soi et prise de risque : de quoi parle-t-on ? » Christine Ferron, in la santé de l’homme, n°384.
-  « Docteur, je manque de confiance en moi », article, Bernard Fourez. Extrait des cahiers de psychologie clinique n°10, « Le pouvoir ».
-  « L’estime de soi. Miroir mon beau miroir. » Article de Jeunesse et Santé des Mutualités chrétiennes.
-  « Et si on essayait l’auto-estime ? » article, Bruno Dujardin.
-  « L’estime de soi. S’aimer pour mieux vivre avec les autres. » François Lelord et Christophe André Odile Jacob, 1999.
-  « La confiance en soi ; Avoir confiance pour donner confiance. » Lionel Bellanger, ESF Editions 1998.
-  « Entrer en amitié avec soi-même. Dire oui à la vie, se réconcilier avec soi-même et le monde. » Pema Chödrön, Poche 10/06/97. Winnicot

Cette fiche santé a été réalisée avec la collaboration de Christine Liesse, de Bernard Fourez, du Service d’aide de l’UCL et du Centre de Guidance de Louvain-la-Neuve.

Editeur responsable : Martin De Duve 2008