La dernière fois que Pâques est tombée un 23 mars, c’était en 1913 ! Une autre étape de ma vie s’ouvre. J’ai le vent en poupe ! Merci Seigneur et donne-moi encore assez de temps et de santé pour accomplir ta volonté, c’est-à-dire continuer de grandir dans l’Amour, m’épanouir totalement pour partager ton bonheur...
En courant...
Pour courir, on courait ! A en perdre le souffle. Pauvre Pierre ! Il avait beau être costaud, l’âge se faisait sentir. Au bout de quelques foulées, j’avais un mètre, puis dix, puis vingt mètres d’avance sur lui. On courait.
On essayait de ne penser à rien et pourtant nous étions bouleversés jusqu’au fond de l’âme. Qu’avait dit Marie-Madeleine ? "On a enlevé le Seigneur !". Dès que j’ai entendu ces mots, quelque chose - ou quelqu’un - au fond de moi a soufflé : "Il est vivant".
Mais je ne voulais pas y croire. C’aurait été trop beau, Seigneur ! Je t’avais vu cloué à la croix. J’avais entendu tes derniers cris. Je sentais encore sur moi ton ultime souffle. Je t’avais enveloppé dans un linceul, et pourtant, tout en courant, je ne pouvais admettre de chercher des explications logiques. Tout en courant, j’entendais Pierre grommeler, accusant tour à tour les prêtres, les scribes, les pharisiens, les grecs, les samaritains, les païens... qui sais-je encore... de t’avoir sorti du tombeau.
Qu’il m’a paru loin, Seigneur, ton tombeau ce matin-là. D’autant plus loin que, plus j’avançais, plus je savais que nous courions pour rien. Nous courions après un mort, alors que tu étais vivant, ailleurs. Nous courions après le passé, et tu étais déjà dans l’avenir. Nous courions après une absence et tu étais plus présent que jamais.
Voici le tombeau. La pierre roulée sur le côté. J’ai aperçu le linceul dans lequel je t’avais moi-même enserré. Inutile d’entrer. Je savais que tu n’étais plus là, que l’on ne t’avait pas enlevé - ils t’auraient pris enveloppé dans tes linges - que tu étais parti de toi-même.
Mais où étais-tu Seigneur ? Dans quel monde voyageais-tu ? Je suis entré quand même. Il fallait que je voie ton absence pour croire à ta résurrection. Tu m’en as dit davantage Seigneur, en n’étant pas là, qu’en te montrant à tes disciples. La foi, celle qui sauve de la peur, je l’ai recueillie, Seigneur, dans le trou d’un tombeau vide.
J’ai bien fait de courir, ce matin-là, vers un tombeau. Ce n’est pas après toi que je courais, mais au-devant de la vie, au-devant de toi le Vivant, qui ne cesses de nous précéder là où tu nous attends.
Texte d’un auteur encore inconnu (j’indiquerai son nom dès que je le saurai) transmis par la soeur de ma mère, religieuse clarisse à Montauban (France).
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