Prier, c’est une rencontre d’amour avec le Seigneur, dans la foi, hors du sensible : il m’aime, je réponds à son amour, c’est tout simple.
Pourquoi prier ? Comme un corps a besoin de respirer l’air, mon âme a besoin d’aspirer Dieu : aspirer, respirer, expirer, ce n’est pas une gymnastique, un effort, c’est naturel pour vivre. Plusieurs fois, dans Saint-Jean, Jésus parle de sa "demeure" en nous. Puisqu’il habite en moi, pas de problème pour le rencontrer : un clien d’oeil, un mot, une respiration, et je le rencontre... dans la foi.
Qui prier ? Ma dévotion se porte d’abord vers la Sainte Trinité : Père, Fils, Esprit. Mon icône préférée est "La trinité" d’Andréi Roublev, qui est un des sommets de l’art religieux : chacune des trois Personnes se penche vers l’autre dans une relation d’amour ; tout est courbe, douceur, tout respire le don, la sortie de soi vers l’autre. Ma prière est simple, je me plonge dans cette circulation de tendresse, je me laisse porter par le Père vers le Fils, et par le Fils vers le Père, dans l’Esprit ; c’est tout simple, mon petit bateau vogue... dans la foi.
Comment prier ? Quand je suis trop fatiguée, je n’arrive pas à me concentrer. A ces moments-là où je ressens à quel point "je ne suis pas", je suis pauvre, petite, incapable, je me tiens devant mon Seigneur qui est don, toute richesse, toute grandeur, quelle merveille ! Et il m’aime ! Quelle source de joie... dans la foi.
J’égrène aussi mon chapelet, spécialement dans ces heures de fatigue ; tandis que les grains circulent entre mes doigts, le souvenir des Mystères joyeux, douloureux, glorieux, de la vie de Jésus et de Marie flottent devant mes yeux. Ce rosaire quotidien est comme un bouquet de roses pour ma mère du ciel, offert dans la foi.
Pour qui prier ? Je prends dans mon coeur ceux que j’aime, ceux pour lesquels j’ai promis de prier, ceux qui souffrent et meurent durant ce jour, les victimes des tragéries, guerres, catastrophes. Cette immense brassée, je l’offre à la miséricorde du Seigneur, par les mains de Marie, Mère de la miséricorde. Je demande à Dieu d’aider tous mes frères et soeurs au milieu des difficultés de ce monde, pour que leur peine soit allégée ici-bas et pour qu’un jour "toute larme soit essuyée de leurs yeux" dans la Cité céleste (Apocalypse de Jean, 21,4).
Quelle est la réponse à ma prière ? Je n’en attends pas de visible ici-bas. J’offre mes demandes au Seigneur, mais je sais que Dieu respecte la liberté et laisse les hommes diriger à leur gré leur propre vie et les événements du monde. Dans la foi, je suis sûre de lui. Il a, lui, l’éternité pour remettre les choses en place, dans la justice, cette justice qui est impossible sur cette terre où le fort écrase le faible. Je crois à la justice éternelle, sinon, vraiment, tout paraît tellement absurde, étant donné la manière dont le monde marche !
Quelles consolations m’apporte ma prière ? Je n’en cherche pas, je préfère la foi nue, sans rien sentir. Je préfère l’aridité aux consolations, car j’ai peur de "chercher les consolations de Dieu plutôt que le Dieu des consolations". De toute mon âme, je crois en son Amour, c’est ma joie !
Extrait de la Revue Panorama, novembre 2008.
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