Des êtres humains traités comme des bêtes sauvages : telle est aujourd’hui, au centre de notre Europe dite civilisée et démocratique, l’horrible, indigne et scandaleuse situation que sont contraints de vivre quotidiennement, privés des droits les plus élémentaires, des centaines d’hommes et de femmes dans les prisons de Belgique !
Dix-huit jours ! Voilà donc presque trois longues et éprouvantes semaines, en effet, qu’une grève générale au sein du personnel pénitentiaire, lui-même soutenu par les syndicats compétents, paralyse le fonctionnement de ces établissements. Et ce, sans que la moindre solution, dans le dialogue censé être instauré avec l’actuel gouvernement, et le ministère de la Justice en premier lieu, ne soit en vue. La situation est, paraît-il, « bloquée », faute de moyens financiers supplémentaires, a prétexté le ministre de la Justice, pour répondre aux légitimes et compréhensibles revendications, en matière salaire et de sécurité, des grévistes.
Une grave insulte à la dignité humaine
Résultat ? Aussi honteux qu’ignoble pour le sort de ces malheureux détenus, qui paient un lourd tribut, actuellement, pour tout le monde ! Même le mot « dégradant », au regard de la dignité humaine, s’avère, en ce douloureux cas, un euphémisme, bien en dessous de la triste et cruelle réalité !
Des hommes et des femmes sont enfermés jour et nuit, parfois par groupe de trois, sans possibilité de sortir, ne fût-ce que pour prendre une douche, aller aux toilettes ou faire une courte promenade dans les préaux, de leur cellule : des cellules, pour corser l’affaire, exiguës et insalubres, où l’air, sous les premières chaleurs, est, littéralement, étouffant, asphyxiant. Les prisonniers sont souvent obligés de casser les fenêtres pour pouvoir respirer. Abominable !
Ainsi, ces hommes et ces femmes, depuis dix-huit jours, sont-ils privés de toute visite, que ce soit de leurs familles ou de leurs avocats, et donc de tout contact avec l’extérieur. C’est, pour eux, l’isolement le plus complet, le plus inhumain et le plus insupportable, comme s’ils étaient abandonnés, sans pitié ni compassion, à leur cruel destin. Ils n’ont donc pas, non plus, de vêtements pour se changer : des conditions de vie, ou plutôt de survie, désastreuses ; une hygiène déplorable, dangereuse pour la santé, tant physique que mentale ; une odeur pestilentielle derrière les barreaux ! Pis : ce n’est que depuis deux jours, seulement, qu’ils reçoivent, livrés par l’armée, qui a pris momentanément le relais du personnel en grève, des repas plus ou moins corrects : le minimum, bien que misérable, requis !
Bref : c’est l’enfer ; une situation, que même les bêtes de cirque ou les animaux de zoo ne connaissent pas, à rendre fou, à pousser au suicide ou à la révolte, que d’aucuns ont cependant préféré appeler, dans leur hypocrite jargon, « mutinerie ».
Un crime contre l’humanité
Ainsi, face à l’urgence de ce drame humanitaire, à ce désespoir sans nom et à cette insoutenable détresse, est-ce donc, plus encore qu’un cri de révolte, un appel à l’humanité que nous lançons solennellement ici afin que ces centaines d’hommes et de femmes retrouvent au plus vite, instamment, leur dignité tout autant que leurs droits.
L’incurie, sinon le désintérêt, que manifestent les autorités belges compétentes, dans ce dossier politique et judiciaire, n’est pas loin de s’apparenter, dans cet effroyable cas, à un crime contre l’humanité ! Elles devront en répondre, un jour, aussi bien devant les tribunaux que face à leur propre conscience !
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