Actuellement, Farid est au cachot pour être protégé de certains surveillants ! Sa fenêtre ne s’ouvre pas. Il y a peu d’aération. Se doucher est exceptionnel. Les conditions de visite sont rendues très difficiles. On entend hurler dans les couloirs. Un détenu a eu le bras cassé par un surveillant...
M-M,
Entre cette immense souffrance qui ne cesse de s’accroître en moi de jour en jour et qui me ronge, sans relâche jusqu’à même mes tréfonds rudement rudoyés et ce méli-mélo qui règne présentement dans ma tête, je prends la plume, certes, malaisément, mais avec un vif plaisir afin entre autres de te faire parvenir...
J’espère que de ton côté tu te portes à merveille ainsi que ton mari et toutes les personnes que tu apprécies spécialement et que tu t’enrichis quotidiennement tant sur le plan humain qu’intellectuel.
De mon côté, tu connais la situation dans laquelle je me trouve actuellement et qui est dramatique, inique ainsi que scandaleuse, voire carrément surnaturelle, un vrai imbroglio infernal.
A ce sujet, franchement, je n’arrive pas à comprendre comment est-ce si difficile de faire respecter des lois. J’ai peine à penser que pour moi, il n’en existe, en tout cas pour le moment,aucune. Tous mes droits sont bafoués en toute impunité, ce qui me contriste forcément davantage.
Néanmoins, coûte que coûte, je dois remonter la pente, me ragaillardir, reprendre l’écriture et me projeter dans le futur à l’extérieur de ces murs marmoréens, oppressants ainsi que gémissants et j’en passe tant d’autres, pour vivre enfin au grand jour un conte de fée, un long fleuve tranquille empli de joies ineffables inconnues, une passion romanesque etc., ce que j’attends à mon plus grand désespoir depuis que j’ai su que seul l’amour était mon oxygène et ma raison de vivre.
Une poignée de main à ton mari très amical, certes, et toi...
Je t’embrasse avec tout mon respect et mon affection.
Farid
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