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Emprisonné sept années alors qu’il avait dix-huit ans, il tente depuis sa libération en 1985 de remédier au contexte carcéral de son pays et n’a de cesse d’alerter les autorités.
D’après l’Observatoire vénézuélien des prisons, ONG créée par l’avocat en 2002 et chargée de veiller aux respects des droits humains des personnes privées de liberté, 366 personnes sont mortes et 635 ont été blessées en 2009 lors d’incidents violents dans les centres de détention.
Des gangs s’affrontent, les armes y sont monnaie courante. Mi-2008, les autorités carcérales ont trouvé 477 armes à feu et 38 grenades. Cette violence permanente est exacerbée par la promiscuité.
Une surpopulation carcérale
Les prisons du pays sont inadaptées. Elles acueillent aujourd’hui 32.624 personnes pour une capacité presque trois fois inférieure. Cette surpopulation est due à l’inefficacité de la justice. Près de 70% des prisonniers attendent un jugement. Certains sont prisonniers depuis deux ans sans qu’un verdict définitif n’ait été prononcé.
Grâce au travail d’enquête de l’OVP, ces données sont désormais connues. Première victoire pour Humberto Prado. Il profite de la notoriété de son organisation pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il accélére les réformes, notamment concernant la décentralisation de l’administration afin de rendre la justice plus efficace.
La situation était déjà catastrophique sous le président Rafael Caldera (1969-74, 1994-99) et ne s’est pas sensiblement améliorée depuis malgré la mise en place de quelques réformes ponctuelles. L’article 72 de la constitution bolivarienne stipule pourtant la création de complexes pénitentiers et la décentralisation de l’administration. Mais les mesures décidées sont difficiles à mettre en place. Le ministère du Pouvoir populaire pour l’Interieur et la justice s’est transformé en siège éjectable. Onze ministres s’y sont succédés en onze ans.
Jeter des ponts entre deux mondes qui s’ignorent
Humberto Prado souhaite réformer le système de détention en créant de multiples connections entre le monde carcéral et la société. L’ONG, forte de sept avocats, s’appuie sur de nombreux volontaires infirmiers, venant de l’Eglise ou des étudiants en médecine ou psychologie. Ils visitent les prisons et informent les détenus de leurs droits.
Les entrepreneurs sont aussi invités à visiter les établissements pénitenciers pour faciliter le retour à la vie active. La chambre venezuelano-américaine place ainsi d’ex-prisonniers dans ses entreprises affiliées. Des cours de menuiserie ou de mécanique sont dispensés.
Les détenus ne sont pas les seuls à bénéficier de ces enseignements. Pour combattre le trafic d’armes et de drogue, le fondateur de l’OVP, qui avait monté des équipes de sport et organisé des tournois alors qu’il était incarcéré, a aussi décidé de sensibiliser les gardiens, souvent accusés de corruption, en leur distribuant des ouvrages pédagogiques et en les formant.
Mais les efforts d’Humberto Prado semble en irriter certains. Il a été victime de nombreuses menaces et intimidations.
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