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      Combien y a-t-il de "Tanguy" en Belgique ?
   

Communiqué de Philippe DEFEYT, IDD

Madame, Monsieur, Chère amie, cher ami,

Tout le monde a entendu parler des "Tanguy". « Le phénomène Tanguy désigne un phénomène social selon lequel les jeunes adultes tardent à se séparer du domicile familial ou y reviennent après l’avoir précédemment quitté. Cette dénomination vient du film Tanguy, d’Étienne Chatiliez, dont le personnage éponyme s’enferme dans ce type de situation. »

La dernière note de l’Institut pour un Développement Durable vise à quantifier et commenter l’ampleur de ce phénomène en Belgique.

Si les (rares) données disponibles ne permettent pas de faire le tour de ce phénomène, on peut néanmoins dire un certain nombre de choses :

- il y a presque 1 million de jeunes de 18 à 34 ans qui habitent avec leur(s) parent(s), dont un peu plus de 200.000 ont entre 25 et 34 ans
- ce nombre a augmenté entre 2004 et 2007 pour se stabiliser ensuite : 875.000 en 2004, environ 950.000 depuis 2007
- il y a plus d’hommes que de femmes qui habitent avec leur(s) parent(s) après 18 ans, surtout pour les 25-34 ans où environ 2/3 des jeunes concernés sont des hommes
- ce sont les évolutions du nombre et du pourcentage des 18-24 ans qui habitent avec leur(s) parent(s) qui explique l’essentiel de la hausse ; en effet, le nombre comme le pourcentage des 25-34 ans « à la maison » est en retrait depuis 2007
- le nombre de jeunes de 18-24 ans qui habitent avec leur(s) parent(s) augmente à la fois parce que la population totale de cette catégorie d’âge a gonflé et parce que la proportion d’entre eux qui reste « à la maison » augmente
- le principal moteur de l’augmentation du nombre de jeunes de 18-24 ans « à la maison » est le nombre croissant de jeunes qui entament ou prolongent des études ; sur base des données disponibles il n’est pas possible, malheureusement, de faire la part entre l’accès à l’enseignement supérieur et la durée des études (plus de temps pour terminer l’enseignement secondaire, plus de temps passé dans l’enseignement supérieur) ; on peut supposer que les deux phénomènes co-existent
- l’imaginaire collectif concernant les Tanguy est conforté par les données, surtout pour les 25-34 ans : environ 3/4 d’entre eux ont un boulot et donc des revenus ; on peut donc supposer que leur maintien (ou leur retour) à domicile n’est pas – pour l’essentiel – une question d’insuffisance de revenus.

S’il n’est pas possible de quantifier précisément le nombre de Tanguy c’est que les données disponibles ne permettent pas de faire la part entre ceux qui « traînent » pour diverses raisons à la maison et ceux qui y restent plus longtemps que ne l’auraient fait des jeunes appartenant à des générations précédentes simplement parce que le taux d’accès à l’enseignement supérieur s’est accru.

On ne connaît pas non plus le nombre de jeunes qui habitent chez d’autres parents parce qu’ils sont en couple.

Ceci dit, il n’en demeure pas moins qu’un nombre croissant de parents doivent faire face plus et/ou plus longtemps qu’avant à l’entretien d’un ou de plusieurs enfant(s) après 18 ans, surtout pour cause d’études, le tout dans un contexte de crise où eux-mêmes peuvent avoir des difficultés croissantes à nouer les deux bouts.

Concentré de diverses problématiques socioéconomiques et sociodémographiques prégnantes (crise du logement, plus grande difficulté des jeunes à s’insérer, financement des études, etc.) le phénomène des Tanguy mériterait des enquêtes et études plus approfondies.

Ce serait l’occasion d’essayer de répondre, notamment, aux questions suivantes :
- Quelles sont les véritables raisons du phénomène ?
- Quel est le pourcentage de jeunes qui reviennent à la maison ?
- Dans quelle mesure les jeunes concernés participent-ils aux dépenses du ménage ?
- Quel est le pourcentage de jeunes qui sont aidés autrement ?
- Quel est le nombre de jeunes qui vivent en couple chez le(s) parent(s) d’un des deux ?
- Quels impacts de ces évolutions sur la trajectoire (épargne, logement, etc.) des parents ?
- Y a-t-il pour toutes ces dimensions des différences entre régions et/ou entre catégories socioprofessionnelles ?

Enfin, des observations de terrain tendent à montrer que les Tanguy ne seraient pas seulement de jeunes adultes. On peut rester chez ses parents ou y revenir aussi après 35 ans. Cette évolution mériterait une égale attention.

Le lecteur intéressé trouvera plus de détails en consultant la note à ce sujet sur le site de l’Institut pour un Développement Durable.

(Les mises en caractère gras sont de ma propre initiative, MMR)