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Le Réseau Association des Jeunes Consommateurs, RéAJC (entendre « réagissez ! ») s’active en la personne de Marthe-Marie Rochet qui en est le moteur et l’initiatrice.
Tout en se voulant pluraliste, indépendant et à vocation européenne, le projet pédagogique de cette association insiste sur l’importance de connaître les besoins vitaux : psychologiques, émotionnels, intellectuels et spirituels (et pas seulement physiques) pour prévenir l’endettement, le surendettement, le mal-être et la détérioration de la santé. Identifier les besoins à partir de signaux de manque permet de prendre conscience des besoins urgents à satisfaire et de ne pas les confondre avec de faux besoins que la publicité se plaît à créer auprès des jeunes en particulier. Cette prise de conscience permettrait aux jeunes de mieux résister aux pressions de la consommation.
« Quand on ignore ses besoins, on installe de mauvaises manières de combler les manques. Il en va ainsi de toutes les boulimies. On n’arrête pas de se remplir, mais on se trompe de trou. Si les parents sont à l’écoute des besoins de l’enfant, il apprendra progressivement à devenir autonome et à décoder lui-même ses propres besoins. Malheureusement, l’éducation souffre d’un brouillage par la publicité », explique Madame Rochet. Elle donne l’exemple de la confusion entre trois besoins : le besoin de sommeil, de repos et de relaxation. Il faut parvenir à détecter et à décoder les signaux de manque. M.-M. Rochet dit encore : « La publicité manipule les envies, qui sont à distinguer des désirs. Si les êtres humains sont sensibilisés sur leurs besoins, ils se renforcent vis-à-vis des entreprises de marketing. Ils sont renvoyés à leur être qui prend le dessus sur l’avoir ».
Marthe-Marie Rochet soulève également le problème que posent les écoles en difficultés financières, ce qui ouvre la porte aux sponsorings alors que la publicité est interdite par le Pacte scolaire de 1959. Elle souligne l’utilisation dans les écoles de matériel pédagogique fourni par les banques ainsi que par certaines industries,
comme Tétrapack qui explique le recyclage tout en parlant de la préservation des forêts alors que ces emballages sont constitués de trois couches (plastic, aluminium, carton) ;
comme l’apprentissage de tenues de comptes « innocemment » accompagné du logo de banques,
de même les journaux de classe financés par des publicités ;
comme l’utilisation dans les écoles de dossiers sur la prise de médicaments alors qu’il y a une surproduction et une surconsommation de produits médicamenteux.
Elle affirme que les enseignants sont souvent trop mal informés pour pouvoir critiquer.
Des expériences pilotes ont été réalisées par RéAJC entre 1997 et 2000. - - Ainsi, dans les classes de trois professeurs de religions catholique, protestante et de morale laïque de l’école primaire d’Hélecine, un jeu de cartes de l’UNICEF a été exploité avec les élèves. La préparation et l’accompagnement des enseignants demandeurs furent assurés par RéAJC. Les résultats ont fait apparaître chez les élèves un besoin de boire tout simplement de l’eau, ce qui leur était difficilement accessible à l’époque de l’enquête (robinets d’eau pas fonctionnels etc…). Depuis, trois fontaines furent installées dans l’école. Leur achat fut assuré grâce à une marche parrainée.
Une autre expérience a été réalisée dans une classe de 2e rénové, « Apprendre le bien-être dans la vie quotidienne », dont l’objectif est d’apprendre aux élèves à consommer moins, mais mieux au cours d’un cycle de 24h de cours à raison de 2h par semaine.
Une troisième intitulée « Besoins vitaux et consommation » a été réalisée sur un module de 8h de cours.
Le thème a également été exploité dans le cadre de cours d’apprentissage du français d’un Centre d’accueil d’émigrés adultes en présence des animateurs.
En 1997 une enquête qualitative sur la consommation de boissons a été réalisée auprès d’une centaine de jeunes de trois écoles urbaines et rurales, des réseaux libre et officiel. Là aussi, il en est ressorti qu’il y avait une soif d’eau dans ces écoles, qu’il n’y avait pas d’accès à de l’eau potable gratuite et que les élèves qui n’avaient pas le budget pour se payer des boissons se passaient de boire toute la journée. M.M. Rochet fait remarquer que « les eaux sucrées des distributeurs font rentrer de l’argent dans les écoles au contraire de l’eau du robinet ». Des enquêteuses du Centre de Diffusion de la Culture Sanitaire ont collaboré à l’enquête avec RéAJC grâce à un subside du Service de la Jeunesse de la Communauté Française. Un guide d’entretien fut élaboré et l’anonymat du questionnaire écrit était garanti. Les résultats furent édités par RéAJC dans deux brochures, dont l’une destinée aux jeunes donne les résultats tout en leur restituant leurs paroles, et l’autre destinée aux professionnels explique la démarche.
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