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Lettre à la jeunesse
Communiqué de presse
Voeux pour 2006
Joyeux Noël 2006
Frapper à mort pour AVOIR !
Appel à contribution pour un répertoire "jeunes consommateurs"
Memorandum
Mémorandum des organisations de consommateurs
     
   
   
 
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Qui sommes-nous ?
     
   

 
      Frapper à mort pour AVOIR !
   

Qui sont ces jeunes qui frappent à mort pour "avoir" qui un MP3, qui une cigarette,... ? Qu’est-ce qui les pousse à commettre un acte à ce point violent qu’il tue ? Quels besoins vitaux non identifiés cache leur geste ? Pourquoi gardaient-ils un couteau à cran d’arrêt en poche ?

Adam : Etait-ce par rage d’avoir un MP3 qu’il ne pouvait se payer ? A-t-il agi seul ou poussé par des adultes avides d’argent ?

Kenny : regrette amèrement son acte paraît-il. Il était sous l’emprise de l’alcool et avait aussi consommé du haschich. C’était la nuit, la rage d’avoir une cigarette tout de suite. L’alcool. Le tabac. Le haschich... La dépendance. Et en amont, peut-être, manque d’argent ou négligence, peur ?

"Tenter de comprendre. Ne pas juger" : n’est-ce pas ce que recommande le célèbre Commissaire Maigret ?

Prendre un peu de recul aussi : ces jeunes, devenus malgré eux des assassins, ne sont-ils pas la pointe de l’iceberg et les boucs émissaires d’une société criminogène ? Ses caractéristiques : (Réponse sur le mode du rap) : l’insécurité vitale, la compétition, l’obligation de rentabilité, le stress, le manque de temps pour les loisirs, le repos, les relations,... le sentiment d’impuissance et de détresse, la perte du sens et des repères, la nécessité d’être reconnu pour ce qu’on A parce qu’on n’est peut-être pas reconnu pour ce qu’on EST, d’exister socialement par ses avoirs clinquants, ses vêtements de marque, le dernier GSM à la mode,... de trouver toujours plus d’argent pour la drogue, le tabac, l’alcool et le paraître..., la violence étalée dans la plupart des films et des jeux vidéo,... et enfin, le viol permanent des consciences par la publicité, le système qui brise et divise pour faire consommer toujours plus...

On tue. Mais plus généralement, plus diffusément, on qualifie, on agresse, on insulte, on rackette, on frappe. On a peur aussi, donc, comme on ne se sent pas de taille, on s’arme. Comme on ne s’écoute pas, on ne se parle pas. On n’a pas appris à gérer ses émotions, à communiquer de manière non violente. On se noie dans l’alcool. On surfe sur les drogues. On ne trouve pas d’eau pour étancher sa soif. On s’abandonne au geste qu’on ne peut plus contrôler...

Une seule question est sur toutes les lèvres : comment éviter de tels drames ?

Il n’y a pas 36 manières d’y répondre au vu de ce qui précède (sans parler de ce qui existe déjà) mais les ressources ne sont pas infinies. Il faut choisir à quoi l’on veut donner la priorité :

* soit on veut faire peur :

- en augmentant le nombre de policiers. Or on sait bien que cela ne changera rien finalement. Car il n’est pas possible de mettre un policier à côté de chaque jeune ;

- en renforçant les peines. Or les études montrent, si l’on poursuit dans cette logique, que la peine de mort n’est pas dissuasive. Quant à la prison ? Un jour ou l’autre, on en sort... dans quel état, pour quel futur ? Faire peur d’une part (et dès lors sécuriser d’autre part) est la seule raison qui a fondé le renforcement des sanctions... qui sont d’ailleurs difficilement appliquées, ce qui alimente le sentiment d’impunité (et l’insécurité) ;

* soit on développe les services de médiation. Mais y en aura-t-il jamais assez pour compenser les manques ?

* soit, on investit massivement dans la prévention et l’éducation :

- en organisant de manière systématique des cours de communication non violente (CNV) qui abordent les besoins vitaux à la base de la démarche du RéAJC asbl ;

- en mettant les jeunes délinquants en situation de service, telle cette belle expérience au Bénin, ce qui rencontre leurs besoins vitaux de sens, de reconnaissance, d’estime de soi, d’amour... ;

- en favorisant les "espaces de convivialité, de dialogue et de respect" (plate-forme jeunesse) et en donnant aux jeunes le cadre humain et les moyens techniques et matériels pour y exprimer leur créativité, autre besoin vital ;

- en donnant aux mouvements et organisations de jeunesse les moyens humains et infrastructurels qu’ils réclament à grands cris (idem) ;

- en soutenant financièrement notamment la Ligue des Familles, pour qu’elle puisse aider les éducateurs à établir les limites justes, à donner des repères objectifs à partir de l’écoute active des enfants et des jeunes pour le vrai bien-être personnel et collectif, présent et futur.

Il s’agit d’une entreprise à long terme dont les résultats seront difficiles à évaluer et dont la mise en oeuvre exige du courage politique. Mais vaut-il mieux toujours plus de "sécuritaire" contre toujours plus de violence ?

Enfin, à la veille de nouvelles élections, nous attirons l’attention des Gouvernements sur notre Mémorandum. Il propose des pistes concrètes. Plus largement, c’est bien d’une "politique jeunes consom’acteurs" qu’il s’agit.

La création d’un répertoire "Jeunes consommateurs" sur notre site www.reajc.be à la demande du Service de la jeunesse de la Communauté Française (Ministre LAANAN) est, de notre point de vue, un petit pas dans la bonne direction. Soit il fera la démonstration qu’en effet, il existe des organes et des personnes ressources ainsi que des outils pédagogiques centrés sur les jeunes consommateurs et nous nous en réjouirons, soit il révélera les énormes lacunes qui devraient d’urgence être comblées.

Après Joe et Bart, faudra-t-il encore un jeune battu à mort par un autre jeune qui veut "AVOIR pour ETRE" pour qu’enfin nos Gouvernements se réveillent d’un sommeil qui dure depuis plus de trente ans* !

Marthe-Marie Rochet, Fondatrice du RéAJC asbl chargé de mission par le Service de la Jeunesse de la Communauté française

* La Charte Européenne de protection du consommateur a été ratifiée par l’Etat belge en 1973 !