Animateur : Axel Roucloux, animateur à Educa Santé
Personne ressource : Laurence Kohn, chercheur à l’ULB-PROMES, Unité de Promotion et d’Education pour la Santé de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles
Aider le jeune à accepter de ne pas être parfait et à développer son apprentissage de la responsabilité et de son esprit critique. Comprendre ce qu’il y a derrière les statistiques pour découvrir la réalité des jeunes. |
Bien sûr, chacun sait que le tabac nuit gravement à la santé, qu’il ne faut consommer des boissons alcoolisées qu’avec modération, que la prise de drogues entraîne la dépendance, qu’une nourriture trop riche ou déséquilibrée a des conséquences néfastes sur la santé… Faut-il pour autant se priver de tout ou diaboliser chaque excès ? Personne n’est parfait, pas plus le jeune que les adultes qui l’entourent ; c’est pourquoi nous devons l’autoriser à ne pas l’être, éviter, quoi qu’il en soit, la position du moralisateur (on est plus motivé à suivre les suggestions de quelqu’un qui profite raisonnablement de la vie que de suivre une image idéale dans laquelle on ne se retrouve pas) et l’aider à développer sa connaissance de soi, sa connaissance des besoins vitaux et son esprit critique afin qu’il évalue si ses comportements le mettent en danger ou non. Il faut l’aider à faire un choix responsable.
Les statistiques sont importantes parce qu’elles mettent en évidence l’évolution de certains comportements. Cependant, elles ne les expliquent pas ; il est donc primordial de ne pas s’y arrêter. Une enquête peut montrer que de plus en plus de jeunes ont goûté au cannabis -ce qui pourrait sembler alarmant- pourtant rien ne prédispose un jeune qui fume occasionnellement de l’herbe à devenir dépendant des drogues dures et d’autre part, on peut très bien être un grand sportif et boire un verre ou deux tous les week-end. Les statistiques sont donc un indicateur mais elles ne sont pas une conclusion en soi. Il faut aussi parfois aller plus loin que le chiffre brut pour comprendre ce qu’il recouvre : si l’on constate que les jeunes consomment plus de drogues douces qu’auparavant, ce n’est peut-être pas seulement une évolution, des mœurs mais l’expression d’un malaise (et c’est sur ce malaise qu’il faut travailler plutôt que sur les stupéfiants). Les chiffres nous permettent de mettre les choses en exergue. Après, il faut comprendre et on peut réagir.
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